“Aujourd’hui les entreprises agissent par esprit solidaire”
Responsable de la mission handicap, Emilie Garnier-Vivien revient sur la politique du groupe Pénélope en matière d’action sociale et de handicap.
Pourquoi ce partenariat avec l’APF Entreprises ?
Depuis 2014, à la faveur de nos actions, les demandes de clients souhaitant mettre en place des postes pour des personnes issues du milieu protégé sont plus fréquentes. Jusque-là, lorsqu’une entreprise le souhaitait, nous lancions un appel d’offres auprès d’entreprises adaptées. Leur devis était ensuite transmis à nos clients. Pour simplifier cette procédure, notre travail avec l’APF Entreprises s’étant avéré très concluant, un partenariat a été initié. Une manière de répondre d’une seule voix aux appels d’offres. Ensuite, un contrat GME (Groupement momentané d’entreprises) est conclu. Concrètement, la personne issue du milieu protégé est gérée par l’APF Entreprises : le suivi d’un salarié ou son remplacement sont de sa responsabilité. De son côté le groupe Pénélope aide l’association dans ses recrutements et forme ses candidats au métier.

Créer de l’emploi pour des personnes qui en sont éloignées est une belle démarche. Notre partenariat, initié en juillet 2017, est récent mais nous avons déjà répondu à 17 appels d’offres et réalisé des prestations pour 5 entreprises désireuses de travailler avec des personnes issues du milieu protégé. Certains de nos clients souhaitent étendre ce partenariat à d’autres postes de leur activité. C’est très prometteur. Entre 2014 et 2017, grâce à notre partenariat 24 affaires ont été conclues ce qui nous a permis d’intégrer au total une trentaine de personnes issues du milieu protégé.
Quelles sont les mesures prises en faveur du maintien dans l’emploi ?
Contrairement aux idées reçues, 80% des postes des personnes en situation de handicap n’ont pas besoin d’aménagements spécifiques et 3% seulement sont en fauteuil roulant. Les demandes sont tout autres : certaines personnes ont besoin de joindre un référent régulièrement. Certains nécessitent une formation plus longue. D’autres doivent bénéficier d’absences pour leurs rendez-vous médicaux. Parfois, les situations sont plus concrètes encore. Il peut s’agir de problèmes de dos, d’une allergie aux acariens impliquant d’aseptiser un fauteuil de travail ; du besoin de stocker son insuline dans un réfrigérateur d’appoint ; d’un équipement spécifique, comme un logiciel de synthèse micro permettant une saisie dictée pour une personne paralysée des mains. Ou encore sensibiliser l’environnement de travail à certaines situations telles que les crises d’épilepsie. C’est vraiment du cas par cas.
Le regard des entreprises vis-à-vis du handicap a-t-il changé ?
La mobilisation des entreprises est de plus en plus grande. Le renforcement de la loi a été utile : depuis 2005, elles tendent à respecter l’obligation légale de travailler avec 6% de personnes en situation d’handicap. Mais aujourd’hui elles agissent davantage par esprit solidaire. La loi sur l’accessibilité vient renforcer les obligations.des entreprises de répondre à des normes bien établies et amène à se mobiliser. L’important est de déstigmatiser, de dédramatiser. Pour y contribuer, nous avons mis au point un module sur l’accueil d’une personne en situation de handicap. Il est destiné aux… formateurs : ce sont eux qui forment les hôtesses à l’accueil d’un visiteur en situation de handicap.
Quelle est la politique de Pénélope en lien avec le milieu protégé ?
Permettre à nos clients de travailler avec des personnes issues du milieu protégé ne nous dispense pas de nos obligations. Nous avons développé développé de nombreux partenariats. Par exemple, en cas de besoin de plateaux repas, nous faisons appel à une entreprise adaptée, spécialisée en restauration, pour nos impressions de documents également, nous avons également embauché une personne issue d’un ESAT sur l’un de nos accueil téléphoniques etc…
Avec notre partenaire APF, lorsqu’une demande de GME (Groupement momentané d’entreprises) est demandée par notre client, nous pouvons intervenir afin de conseiller sur le recrutement, les hôtes et hôtesses peuvent également passer certains de nos tests de recrutement, notamment en anglais. Par ailleurs, grâce à notre expertise, les salariés APF peuvent bénéficier d’une formation adaptée à nos métiers.
Plus largement, nous recrutons principalement des personnes en CDD et CDI issues du milieu ordinaire, nous sommes aussi présents sur les forums, sessions de job dating et handi-cafés. Lors du 1er accord en faveur de l’emploi des personnes en situation de handicap qui a pris fin en 2012, nous avons recruté 90 CDI, et 20 contrats de professionnalisation. Au total, Pénélope comptait 186 personnes déclarées pour la mission handicap. Depuis le second accord, signé en 2013, nous en recensons 245, tous contrats confondus. Enfin, notre 3eme accord pour la période 2016-2018 nous permet de renforcer nos actions. Fin 2017, notre taux d’emploi était de 5,37% avec 274 personnes reconnues travailleurs handicapés suivies par la mission handicap. Nous favorisons également l’embauche de personnes éloignées de l’emploi, notamment les plus de 50 ans et les moins de 26 ans, ou encore les demandeurs d’emploi de longue durée
Votre groupe développe-t-il d’autres actions ?
Nous sommes toujours dans le déploiement d’actions. Nous pouvons aussi être confrontés à des arrêts maladie de longue durée. Quand vient la reprise du travail, il faut parfois assurer un suivi. Informatique, anglais, gestion des conflits en situation d’accueil : nous avons conçu des modules de remise à niveau pour favoriser la réintégration. La clé ? S’adapter à chaque situation, à chaque collaborateur. Nous avons également proposé une formation au langage des signes pour nos salariés souffrant d’une déficience auditive en déclin afin d’anticiper tout risque de désinsertion professionnelle.